Atelier
National de Validation du DSRP Intérimaire
Moroni, le 13 mai 2003-08-09
Discours
de Vincent da Cruz, Représentant la Banque mondiale
Vos Excellences, chers Amis et Collègues, Mesdames, Messieurs bonjour.
Beaucoup d’entre nous étions à Anjouan lors du premier
atelier de validation du DRSP quand M. Fengler de la Banque mondiale a
prononcé un discours. Il s’est alors étonné
que les autorités des Comores ne semblent pas réaliser l’ampleur
de la crise que ce pays traverse. Il a fait des remarques sur le grand
nombre de ministres qua ce pays. Il s’est étonné de
l’argent dépensé pour les voitures et voyages officiels,
alors que des villages dans ce pays luttent pour obtenir des services
de base ou ne sont même pas accessibles par la route.
Permettez-moi de reprendre deux points dans ce qu’il a dit :
Nous sommes réunis ici pour parler du Document de Stratégie
de Croissance et de Réduction de la Pauvreté. En le lisant,
j’ai été surtout frappé par deux choses :
La première est que ce document donne l’impression que les
Comores se trouvent sur le chemin d’une réduction de la dette
et vers un appui budgétaire de ce programme de réduction
de la pauvreté. C’est faux ! Les Comores ne sont pas sur
ce chemin. Les Comores en sont très loin. Sur une liste de quinze
critères pour arriver à une remise de la dette, les Comores
n’en remplissent aujourd’hui à peine que deux. Qu’est
ce que cela veut dire pour le DSRP ? Cela veut dire que si vous voulez
formuler une stratégie réaliste de réduction de la
pauvreté, il faudra y inclure un scénario qui ne compte
sur aucun appui budgétaire des bailleurs.
La deuxième chose, c’est que le DSRP m’apparaît
comme un très bon document technique, qui est un peu bureaucratique,
mais surtout une vision sans grande passion. Est-ce que nous nous sommes
opposé les questions qui passionnent les Comoriens ? Est-ce que
nous nous sommes posé les vraies questions ?
Aujourd’hui nous allons parler du secteur privé. Permettez-moi
de poser quelques questions :
Pourquoi est-ce qu’on n’arrive même pas à produire
un stylo ou un carnet de notes aux Comores ? Pourquoi est-ce que l’on
préfère importer plutôt que de faire sur place ? Pourquoi
est-ce que les investisseurs ne viennent pas ici ? Pourquoi est-ce que
l’on accepte la corruption de la douane, alors que chaque douanier
qui se met de l’argent dans sa poche le vole aux Comoriens, mais
empêche aussi la création des entre prises ici.
Le DRSP est un bon début, mais pour le mettre en œuvre il
faudra des réponses aux grandes questions de ce pays. Et après
les réponses les solutions. Et après les solutions les actes,
car c’est sur le actes que l’on vous jugera. Qui va vous juger
? Ce ne sera pas la Banque mondiale, qui dans quelques décennies
vous demanderont « qu’avez-vous fait ? Ce seront vos enfants
et vos petits-enfants, qui dans quelques décennies vous demanderont
« qu’avez-vous fait, quand vous étiez responsables
pour ce pays ?». Personne ne se souviendra alors du Document de
Stratégie, mais j’espère de tout cœur que les
résultats seront là.
Je vous souhaite bon courage.
Merci.
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