Les îles
Comores :
De
réelles potentialités touristiques
et
commerciales.
Les paramètres du sous-développement comorien ont beaucoup
de points communs ace ceux d’autres pays tropicaux où le
produit national brut se situe autour de 120 dollars par habitat et par
an. Alors que l’archipel fait face à l’explosion démographique,
les ressources vivrières ne progressent pas à la m^me cadence,
les revenus des cultures de rente stagnent et les îles dépourvues
de ressources énergétiques et mineras n’ont pu s’engager
dans l’industrialisation. A peine note-t-on dans ce domaine quelques
entreprises qui transforment les produits de l’agriculture commerciale
: distilleries de plantes à parfum, ateliers de préparation
de vanille, savonnerie utilisant le coprah, usine d’embouteillage
de boissons gazeuses de Patti à Ndzouani, d’artisanat utilitaire
qui sont les menuiseries, forgerons, garages, petits chantiers de «
boutres » que les Zanzibarites nomment dhows.
Le retour des rapatriés de Madagascar, les « Sabena »,
a permis un véritable essor de métiers, appris dans la Grande
Ile, métiers qui faisaient jusque-là défaut aux Comores,
en particulier pour tout ce qui touche au travail du bois, du métal,
à la confection des vêtements, mais aussi pour toutes les
cultures de jardinage qui approvisionnent aujourd’hui les marchés
de Moroni et de Mutsamudu. Grâce aux « Sabena », on
ne manque plus aujourd’hui aux Comores de cordonniers, de plombiers,
électriciens, de coffreurs à béton, alors que ces
tâches revenaient à des Malgaches ou à des créoles.
Ce sont encore des « Sabena » qui disposent des étals
à brochettes dans les villes, mais aussi des femmes rapatriées
qui animent les soirées mondaines dans les boites de nuit de quartiers.
L’artisanat d’art mériterait d’être mieux
connu. Son authenticité tire son charme de l’ancienne culture
matérielle des Comoriens traditionnels qui brodaient les coiffures
qu’on appelle kofia et les vêtements soutachés d’or,
les djoho, sculptaient les portes des maisons et les Porte-Cora de beaux
testes et motifs islamiques, confectionnaient des vanneries colorées,
des poupées en raphia, et des brûle-parfum en céramique.
Mais c’est surtout pour la coquetterie des femmes que les orfèvres
réalisent ces merveilleux bijoux d’or massif ou filigranés
: bracelets, boucles d’oreilles, colliers et ornements de nez appelés
ipini. Ensemble, ils pouvaient composer l’ipamkono, cet oreiller
de richesses qu’on exhibait aux grands mariages.
Les experts étrangers en développement croient que cet artisanat
d’art pourrait trouver une importante clientèle avec le tourisme.
C’est oublier que ces objets ont leurs débouchés sur
place ou en Afrique de l’Est où tous les Tanzaniens et les
Kenyans musulmans recherchent les kofia admirablement brodées de
Mitsamihuli. Ces œuvres ont souvent exécutées à
la demande, et les touristes, immanquablement pressés, ne les trouvent
pas disponibles. Enfin, on sait que les comptoirs de commercialisation
achètent plutôt de « l’art d’aéroport
» que des objets authentiques. L ‘artisanat bien présenté
est sûrement un atout non négligeable pour le tourisme comorien,
mais la réussite de celui-ci tiendra à d’autres facteurs
que des achats hasardeux.
Les
Comores bénéficient certes d’un potentiel très
favorable : plages de sable fin, beauté des paysages et des monuments
islamiques, curisités naturelles comme les lacs de cratères,
et surout, le karthala. Quelques hôtels modernes ajoutés
au capital immobilier ancien permettent de disposer de 600 chambres. Les
liaisons internationales sont assez satisfaisantes mais les vols intérieurs
des îles sont insuffisants. Le réseau routier comorien est
bien développé, des agences de voyages proposent des visites
guidées avec des formules adaptées aux besoins des touristes.
Le nombre de touristes ne cesse d’augmenter atteignant plus de 20
000, ce qui est mieux que Madagascar mais vingt-cinq fois moins que Maurice.
Les voyagistes devront prendre conscience de la beauté des lieux
et des monuments religieux qui y existe afin de développer une
activité touristique proche de l’île Maurice.
Malgré
sont intérêt pour l’équilibre de la balance
commerciale, le tourisme n’est pas très créateur d’emplois.
Le défi comorien du sous-développement gagnerait à
être relevé à l’aide de bons réseaux
d’échanges et peut-être même d’un port
franc. Les Comoriens, par nature polyglotte et par vocation voyageurs,
sont de surcroît des commerçants réalistes qui savent
promouvoir la richesse. Les oligopoles de commerçants-politiciens
ne devraient leur permettre de bénéficier de la nouvelle
liberté économique. On s’attendrait à ce que
Mutsamudu devienne port franc, et par voie de conséquence, une
plaque tournante du commerce dans l’ouest de l’océan
Indien. Ce n’est pas le cas pour le moment en raison de blocages
fiscaux et institutionnels.
Il
suffirait donc de libéraliser et d’accorder des facilités
fiscales comme au Liechtenstein ou à Monaco ou m^me créer
une zone franche comme à l’île Maurice. Mais pour l’instant,
c’est plutôt le style des Bahamas et de Cayman qui prévaut,
même si les sièges sociaux des compagnies manipulatrices
restent domiciliés à l’extérieur. Dans le domaine
des « affaires », le nouvel ordre mondial donne des chances
appréciables aux petits Etats causés par le déficit
des finances publiques et par l’existante d’une dette de 160
millions de dollars qui représente 95 % du PIB. Les préoccupations
de l’Etat au sujet du quotidien, et l’insécurité
juridique qui en résulte ne sont, pour le moment, guère
propices à attirer les investisseurs.
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