Les
Comoriens sont une nation bantoue d’idéal islamique. Cela
veut dire qu’une civilisation appartenant à la familles des
peuples parlant les langues bantoues (qui sont usitées en Afrique
par la majorité des ethnies au sud du 5è parallèle
nord) s’est transposée depuis le littoral de l’Afrique
orientale – que les intéressés appellent Swahili,
de la même racine que Sahel : Le bord – jusqu’à
l’archipel. Ces bantous se sont convertis à l’islam,
très progressivement, sous l’influence de migrant venus d’Arabie
et du Golfe. On peut estimer que l’archipel était totalement
musulman lorsque les Portugais y parvinrent au début du Xvè
siècle.
Il en résulte que les Comores sont d’abord une nation islamique.
L’islam ne s’est pas superposé à un fonds de
coutumes bantoues ; il l’a totalement imprégné. Les
ancêtres venus d’Arabie ou du pays de Chiraz sont soigneusement
remémorés, même si leur alliance avec des femmes bantoues
est très lointaine ? La quasi-totalité des Comoriens (à
l’exception de quelques familles malgache et créole) sont
des musulmans sunnites de rite chaféite. La vie des habitants est
avant tout une adhésion et la mise en pratique des piliers de la
foi ; les cadis jugent selon le droit musulman, d’après le
commentaire du Min hadj atTwalibin.
Parmi les coutumes les plus originales de la civilisation comorienne,
on cite ordinairement le manyahuli, réserve immobilière
de la fille dotée et dont la dévolution se fait de façon
matrilinéaire, l’importance’ de la vie associative
à l’intérieur des classes d’âge (hirimu)
et du quartier (mraya), le rôle des prestations traditionnelles
(shungu, mais aussi ndola-nkuu, le grand mariage de Ngazidja) qui règlent
le statut de l’individu dans son groupe et assurent son ascension
sociale. L’espace social où se font les réunions et
s’affirment les statuts est la place bangwe (Anjouan mpangahari)
pourvue de bancs de pierre ; on s’y asseoit selon une étiquette
bien codifiée. Le système des classes d’âge,
où la promotion sociale se règle selon les performances
accomplies, fonctionne chez les Swazi à peu près comme aux
Comores et la dévolution matrilinéaire des biens, mais aussi
du pouvoir, se rencontre couramment chez de nombreux groupes bantous d’Afrique
orientale. Enfin la possession du bétail, chez les Comoriens de
jadis comme chez les autres Bantous, demeure associée au contrôle
politique qu’on exerçait sur ceux qui avaient ces animaux.
Le muhama ndume, littéralement « celui qui trait »,
était à Ngazidhja l’arbitre des conflit entre les
sultans.
Sur le plan linguistique, l’archipel parle le comorien (shikomori),
langue issue d’une sous famille du bantou appelée par les
linguistes sabaki. Cette sous-famille comprend, outre le comorien, le
pokomo et le sahili . Confondre le swahili et le comorien, c’est
prendre le français pour l’italien, sous prétexte
qu’ils se ressemblent et qu’ils sont dérivés
de la m^me source. La confusion vient du fait que le swahili a été
utilisé aux Comores jusqu’à la venue des Français
dans les actes officiels des sultans.
Le comorien est lui-même subdivisé en deux catégories
de dialectes : le gourme est, d’un côté (shimaore et
shinduani), et le groupe ouest (shimwali et shigasidja), de l’autre,
mais on arrive à se comprendre, même si le système
des verbes est très différent et le vocabulaire commun à
701 % seulement. A Mayotte, le malgache sous diverses variétés
est utilisé dans un certain nombre de villages, mais tous connaissent
aussi le shimaore, dialecte très proche du shindzuani.
Même si le groupe oriental des dialectes (Mayotte et Anjouan) et
groupe ouest (La grande Comores et Mohéli) présentent entre
eux des différences notables, l’un et l’autre appartiennent
bien à la famille des langues bantoues, et cela nous donne un premier
indice sur l’origine africaine de la majorité des habitants.
Certains comparatistes trouvent que le groupe shimaore-shindzuani, celui
de l’est, a de réelles ressemblances avec le parler du swahili
de la région de Monbasa, tandis que le shingazidja et shimwali
ressembleraient à certaines langues du Mozambique, notamment l’esakaji.
Il est tout à fait plausible que le peuplement d’Afrique
se soit fait en plusieurs vagues. Mais durant Ixè siècle,
ou peut-être un peu avant, les civilisations de l’Afrique
orientale vont commencer à subir l’influence de l’islam,
venu d’Arabie méridionale et des pays du Golfe : 30% du vocabulaire
de la langue de la Grande Comores a été emprunt&é
à l’arabe ce qui donne une idée de l’importance
de l’influence subie.
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