Etudients comoriens au Maroc :Sans bourse la vie est insupportable.
Par Mohamed Abi Boina, étudient au Maroc.

Karhtala-infos : Mohamed Abi Boina vous êtes étudient comorien en première année de Télécommunication à Rabat au Maroc. Comment trouvez vous la situation ?

M. A. Boina : Quand j'ai réussi après des mois de démarches à obtenir un visas pour le Maroc je pensais que j'avais gagné le gros lot. Mon séjour d'étudient au Maroc allait être sans problème. Tout ce que j'attendais c'était de partir.

Mais aujourd'hui, j'ai fini par me rendre compte de la réalité. La vie au Maroc est très dure pour les étudients démunis qui ne peuvent pas recevoir régulièrement de leurs familles installées en France une bourse. Les loyers, la nourriture et les déplacements reviennent très cher à un étudient qui se trouve seul sans l'aide de membres de sa famille.

K-I : A combien peut-on estimer la bourse mensuelle pouvant suffir à payer loyer, nourriture et le stricte nécessaire pour un étudient ?

M. A. Boina : Si on imagine que l'étudient ne cherche pas à faire la fête et mais à satisfaire ses besoins de première nécessité, alors 150 euros peuvent suffir. Il pourra payer son loyer, se payer le transport en commun pour se rendre à sa fac s'il habite loin, il pourra également manger à sa faim à condition de surveiller son stock mensuel. C'est évident qu'une personne qui veut faire la fête tous les soirs sera à la rue parce qu'il n'a pas pu régler son loyer à force de sortir.

K-I : Comment font les étudients dont les parents ne sont pas en mesure de leur envoyer une bourse, ne serait-ce trimestriel ?

Ces étudients souffrent énormément : ils n'ont d'autres choix que de faire des crédits et de vivre de la générosité toute comorienne des collègues. Nous sommes quand même restés solidaires les uns avec les autres même si il y a aussi des problèmes, des conflits entre certains étudients.

S'il n'y avait pas cette solidarité, certains d'entre nous seraient très mal. On pourrait envisager l'arrêt systématique des études pour beaucoup d'entre nous.

K-I :Que fait le gouvernement comorien face à cette situation délicate ?

M. A. Boina : La seule chose que le gouvernement a fait pour nous c'est....... les adresses des Universités. Il nous a permis de faire notre demande d'admission à la fac. Mais cela beaucoup d'entre nous l'ont fait individuellement en faisant leur recherche personnelle. Le reste c'est-à-dire billet d'avion, frais d'inscription etc... a été à notre charge.

Dans ces conditions, peut-on espérer tout de même des résultats positifs de la part des étudients comoriens aux Maroc et du Maghreb en général ?

M. A. Boina : nous continuons à nous battre pour nous en sortir. Beaucoup de nos compatriotes étudients ont décroché leurs première année de Deug pour ceux qui ont choisi la fac par exemple. Cela est la preuve que nous ne baissons pas les bras et que malgré ces conditions plus que dissuasive nous perseverons.

J'espère que les autorités de notre pays se réveillent et prennent conscience que c'est toute une génération qu'ils sacrifient ainsi.

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