Un bilan peut-être mitigé mais des perspectives d'avenir au goût amer !
Par H.S.Cheikh, étudiant

Amer comme l'état d'esprit de cette jeunesse comorienne, première victime des 28 années d'indépendance. Victime parce qu'aujourd'hui elle est vouée à elle-même, sans espoir, parce qu'obligé de s'expatrier, peut-être pour se voir accepter dans une université étrangère. Victime parce qu'acculé à une situation d'exilé, de clandestin parfois, dans les pays d'accueil. Merci à Lyon2, Aix Marseille, Paris 8 et les autres pour leur hospitalité exemplaire sans laquelle l'étudiant comorien n'aurait plus droit à l'espoir.

" Un bilan mitigé " disent les plus optimistes, mais les Comores font en réalité partie des pays les plus pauvres, ces pays qu'on appelle avec un respectueux euphémisme, " Pays les Moins Avancés ". Le débat sur le bilan économique du pays tend plutôt au pessimisme, même si tout n'est pas noir dans les 28 années d'indépendance comorienne. De gros progrès en matière de formation ont été réalisés, soutien Mohamed Ibrahim, historien comorien.

Mais en fait, hormis le beau concept révolutionnaire " l'école pour tous ", l'éducation connaît de graves difficultés depuis de nombreuses années. L'école n'est plus en effet réservée aux " enfants bien nés " mais ouverte à tous. Il s'agit là d'une généralisation des savoirs qui risque de moisir dans les tiroirs de ce qui est pompeusement appelé " ministère de l'éducation nationale " mais qu'on pourrait sans mauvaise fois qualifier par " ministère des voleurs de l'éducation nationale ".
L'école publique est oubliée par les ministres successifs : elle n'a pas connu de rénovation depuis qu'Ali Soilih l'a construite. A croire que si ce dernier n'avait pas eu la volonté exceptionnelle de les mettre en place, il n'y aurait pas eu de scolarité aux Comores.

Aujourd'hui, l'école privée fait de l'ombre aux établissements publics. Des familles entières sont ainsi privées de la possibilité de scolariser leurs enfants. Et ceux-ci sont condamnés à se trouver très vite un job au port de Moroni en tant que docker ou à se former sur le tas dans un garage de la capitale.

La responsabilité de cette injustice n'incombe pas bien entendu à l'école privée qui joue le rôle de pneu de secours dans une situation aussi alarmante, mais à Azali, Boléro et les autres. Il leur appartient d'établir l'équilibre entre les deux écoles, de donner à l'une et à l'autre la chance de se former, d'effacer le sentiment de discrimination partagé dans le public.

Difficile dans cet éditorial de faire place à un quelconque élan d'optimisme, quand on sait le degré d'intélligeance, les intentions de la personne de Monsieur Azali. En effet comment formuler des perspectives d'avenir pour un pays où un homme Azali régne sans partage, utilise comme au moyen âge la loi du plus fort, piétine délibérément les accrods qu'il signe et pille sans scrupule les biens de l'Etat ? La jeunesse des Comores sacrifiée aujourd'hui risque de voir ses enfants payer encore une fois les erreurs de politiciens véreux, sans dignité, demain.

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